“« Nul n'est trop pauvre pour n'avoir rien à partager ». Cette phrase est attribuée à Monseigneur Rodhain, fondateur du Secours Catholique. Depuis 2013, elle inspire le Réseau Saint Laurent qui rassemble en France les communautés issues de la précarité. Nous pouvons nous en inspirer également, avec confiance.
Évangile
Matthieu 25, 14-30
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »
Méditation
Difficile de reconnaître Jésus ou notre Dieu miséricordieux chez cet homme parti en voyage si l’on s’arrête au jugement sévère qu’il prononce à l’encontre du dernier serviteur. Si notre maître n’est pas plus compatissant, notre compte est bon quand viendra l’heure…
Mais relisons : ce maître n’est pas un homme dur qui impose au-delà de nos forces. Il fait confiance à ses serviteurs puisqu’il leur confie ses biens à chacun selon ses capacités. Les deux premiers, d’ailleurs, ne s’en plaignent pas : en échange de la confiance, en bons et fidèles serviteurs, ils font fructifier, chacun selon ses capacités, le bien qu’il leur a confié. Ils en seront bien récompensés.
Seul le dernier n’a pas confiance. Ce manque de confiance l’empêche de faire ce qu’on attend de lui. Le regard qu’il porte sur son maître le tétanise. Il « enterre » ce talent, ne prend aucun risque. À son retour, le maître ne le condamne pas mais le prend au mot et le renvoie à sa peur.
Et si Dieu nous prenait au mot, en nous jugeant selon l’image que l’on s’est faite de lui ? Ce n’est pas lui qui nous jugerait sévèrement, mais nous qui, en le jugeant sévère, serions les premières victimes de notre propre jugement.
N’ayons pas peur : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 144, 8). N’excitons pas sa colère, mais son amour et sa tendresse. Suivons le conseil qu’il révélait à sainte Catherine de Sienne, « Il faut se débarrasser de la crainte servile pour parvenir à m’aimer et à me craindre saintement (Dialogue LVIII). »
Chant
Venez tous les fidèles !
Montons sur la montagne !
Dans la cité de Dieu, habitons désormais !
Contemplons dans l’amour le mystère adorable
du Père, et l’Esprit rayonnant dans le Fils.
Ô Christ, tu m’as séduit et déifié par ce désir d’aimer !
Comblé de ta présence, brûle en moi tout péché
au feu de ton Esprit,
pour te glorifier dans tes deux avènements.
douce lumière des cœurs, tu es notre joie !
La lumière qu’est le Père, la lumière qu’est l’Esprit,
par toi se répand sur tout l’univers.
Elle est venue en ta Mère virginale.
Elle vient chaque jour dans l’Église ton Épouse.
Elle viendra enfin dans la Jérusalem,
la bien-aimée, dont tu es la beauté.
Interprété par les Moniales dominicaines de Beaufort
N'est-ce pas à nous que s'adresse le Père Henri Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame, dans les nouvelles lettres sur la prière ? « Prends-garde : tu risques de passer ta vie à contempler en toi tout ce qui n'est pas encore purifié, tous les mobiles souvent imparfaits de tes actes, toutes les défaillances, et d'omettre par là même de contempler la splendeur du visage de ton Dieu, de ce visage où tu pourrais lire un amour capable de submerger tout cœur d'homme, tous les cœurs de tous les hommes. Te laisser aimer, oser être heureux sans restriction, voilà donc en quoi je voudrais que consiste ta prière. »
Cette méditation vous éclaire ?
Partagez cette méditation avec vos proches:
PartagerÉcoutez l'intégralité de l'épisode sur votre plateforme de podcast préférée
À vous la parole
27 commentaires
Rédiger un commentaire« Moi j'aime beaucoup cette parabole, je ne me pose pas toutes ces questions quand au maître, quand aux dons reçus... que j'ai un don ou cinq, quelle importance, le tout c'est de trouver en soi le petit... »
Lire la suiteKathy - 19 novembre 2023 - 20:53
« Je veux bien que le dernier n’est pas confiance, mais il me semble quand même que pour oser dire au maître quand il revient pourquoi il n’a que ce que ce maitre lui a confié, avec la peur qui doit êtr... »
Lire la suiteBen - 19 novembre 2023 - 19:25
« Cette parabole a déjà été commentée précédemment . J'ajouterai simplement : le fait de confier des talents (en argent donc représentant une somme importante à l'époque) est déconnectée de la prétendu... »
Lire la suitemahona - 21 novembre 2023 - 15:00
« Cette parabole , des talents, a toujours été pour moi un grand mystère....Combien de talents ai-je reçus ? ....Suis-je celui qui n'en a reçu qu'un seul ? ....et surtout , qu'en ai-je fait ? ....J'ai ... »
Lire la suiteJ.c - 19 novembre 2023 - 15:26
« Merci frère Philippe de ce commentaire prudent et bienveillant.merci à tous de donner vos avis sur la question, ce qui suscite des réactions diverses... Craintive de nature et pourtant capable aussi d... »
Lire la suiteChristiane - 19 novembre 2023 - 14:34
« Le « vrai » maître est celui qui raconte la parabole, pas forcément celui qui est décrit dans la parabole. Le bon maître, enseigne comme un bon père,, en bon père qui sait de quoi ses enfants ont beso... »
Lire la suitePatrick - 19 novembre 2023 - 14:08