Frère Franck Dubois
Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Lille
Frère Franck Dubois
Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Lille
“Aujourd’hui, 3ème dimanche de l’avent, le dimanche « Gaudete », « Réjouis-toi ». On lit en effet dans la lecture du prophète Isaïe : « Le désert est la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! » Qu’ils se réjouissent, réjouis-toi, oui mais, aujourd’hui dans l’évangile, Jean-Baptiste est en prison, c’est la fin de son parcours sur la terre, bientôt, il sera exécuté et pourtant, sa joie est complète. Entrons dans le mystère paradoxal d’une joie plus forte que tout : Jean-Baptiste sera aujourd’hui encore notre guide.
Évangile
Matthieu 11, 2-11
En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »
Ah, la suave et hautaine compassion ! Voyez ça, comme un peu vite, on serait tenté de prendre de haut Jean-Baptiste, plongé dans sa prison : cuisant échec pour celui qui annonçait le Seigneur de se retrouver ainsi à végéter en cellule, loin de Jésus, de ses miracles. Et puis, pauvre Jean-Baptiste, il n’a pas l’air d’avoir saisi qui était Jésus ! Il va falloir qu’on lui explique, nous qui avons tout compris. Mais l’on se trompe. Car Jésus n’a pas l’air de considérer le parcours de Jean comme un échec. Au contraire : c’est le plus grand des enfants des hommes. Lui : l’incarcéré, le condamné.
Non, ce n’est pas un frêle roseau qu’on était venu voir lorsqu’il rugissait au désert, ni un envoyé de Dieu délicat et raffiné. Mais un lion, un athlète de la foi. Le Baptiste n’a eu de cesse de dire : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu ! », debout, sans peur, sans gêne. Jean a combattu, toute sa vie durant, contre le défaitisme ambiant, la mollesse de la religion officielle, les intimidations politiques, les combines, les complots. Droit dans ses sandales, il s’est battu. Et aujourd’hui Jésus loue cette constance. Il admire le guerrier, le héros. Jean est en prison, mais c’est un homme libre. Voyez-le, frères et sœurs, exultant de joie en entendant ses disciples rapporter les mots du Christ, comme un message codé annonçant la victoire : les boiteux marchent, les aveugles voient. Il a gagné. Il est dans les fers mais il a gagné. Jean a gagné par la vue des aveugles. Il a triomphé par la guérison des lépreux. Il exulte par la résurrection des morts. Tout ce grouillement de vie, de libération, qui s’anime au dehors de sa geôle, tout cela lui appartient. Tout à l’heure il sera mis à mort, debout, en homme invaincu.
D’où lui vient cette force que nous lui envions ? Pourquoi n’a-t-il pas sombré, emporté par une fin qui ressemble au fiasco ? Pas seulement parce qu’il a accompli sa tâche, annonçant sans relâche la venue de l’Agneau. Pas uniquement parce qu’il a préparé les chemins du Seigneur. Mais parce que Jean-Baptiste croit aux Cieux. Radicalement. « C’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver ». Oh, ce petit mot de vengeance, on ne l’aime guère ! Nos instincts un peu pieux voudraient le cacher, l’émasculer peut-être. Mais Jean s’y accroche. L’injustice cruelle qui lui est faite, celle de lui voler la place de choix pour contempler l’œuvre de Jésus, Dieu lui-même vient la réparer. Il y a une récompense pour les justes persécutés, les innocentes victimes. Il y a un prix pour qui aime, résolument, sans compter. Et pour les bourreaux, une justice dont Dieu se réserve le secret.
Qu’importe ce qu’il arrivera à nos détracteurs. C’est au Seigneur de juger. Maintenant que « le Juge est à notre porte » ce n’est plus notre affaire. En attendant, Jean savoure la victoire dans sa cellule de condamné. Les murs ne sont rien pour qui a les cieux ancrés dans le cœur. Jean s’est brûlé de charité en annonçant aux hommes la venue de son maître. Il a tant aimé ses frères qu’il s’est consumé pour eux. Et la voix distante de son maître qui lui vient par ses disciples est déjà un triomphe : Il est là !
Frères et sœurs, apprenons de Jean, tapi dans sa prison, la vraie mesure des choses. Nos sacrifices, nos luttes ne prennent leur sens que mesurés au ciel. La terre est trop étroite pour contenir l’ampleur de nos combats les plus grands, de nos fidélités les plus dures. Nos efforts, nos chutes, nos redressements, bref tout cet armement nécessaire charrié par l’amour, tous ces efforts sans cesse à reprendre commandés par l’amour, tout cela n’a de sens que parce que Jésus doit venir. Nous ne devons en attendre ni d’autre, ni rien d’autre. Tous nos actes s’éclairent parce qu’un jour il viendra, pour juger les vivants et les morts. Alors nous connaîtrons le vrai poids, la vraie mesure de ce qui nous coûte parfois durement ici-bas, et qui pourtant nous fait vivre. Et plus rien de ce que nous aurons mis au crédit de l’amour n’aura été vain.
Heureux es-tu Jean, ravi par les cieux. Prends pitié de nous, et montre-nous l’Agneau. Cela nous suffira pour brûler de ta joie.
Sous ton voile de tendresse,
Nous nous réfugions.
Prends-nous dans ton cœur de mère
Où nous revivrons.
Marie, Mère du Sauveur,
Nous te bénissons.
Marie, notre mère,
Garde-nous dans la paix.
Refuge des pécheurs,
Protège tes enfants.
Quand nous sommes dans l’épreuve,
Viens nous visiter.
De tous les dangers du monde,
Viens nous délivrer.
Marie, Mère du Sauveur,
Prends-nous en pitié.
Marie, Vierge immaculée,
Apprends-nous à prier.
Que demeurent dans nos cœurs,
Le silence et la paix.
Marie, Mère du Sauveur,
Veille à nos côtés.
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À vous la parole
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